Que contiendra la future SNANC ?

Attendue depuis juillet 2023, la Stratégie nationale de l’alimentation, de la Nutrition et climat (SNANC) a été publiée en avril 2025. Mise en consultation durant le mois de mai, elle présente certaines avancées mais aussi certaines limites soulevées par les acteurs du secteur.
Nous faisons le point – à date – avec Virginie MONTMARTIN, journaliste pigiste, qui contribue régulièrement au site du Réseau PARTAAGE.

Prévue en 2021 par la loi Climat et résilience, la SNANC a pour objectif de réunir les programmes déjà existants, tels que le Programme national Nutrition Santé (PNNS) et le programme national pour l’alimentation (PNA), en proposant une feuille de route commune. Pour la première fois, elle est parrainée par trois ministères : le ministère de l’agriculture, le ministère de l’environnement et le ministère de la santé. Un point important pour les acteurs du secteur : « La politique alimentaire n’existait pas vraiment. Il n’y avait pas forcément une cohérence, un suivi, des objectifs communs entre les différents programmes. Pire, ils s’opposaient parfois », explique Benoit GARNIER, responsable alimentation du Réseau action Climat. Mais le texte s’est fait attendre : annoncé pour juillet 2023, le premier jet de la SNANC a finalement été publié en avril 2025 et mis en consultation du 4 avril au 4  mai 2025.

Des avancées pour la politique alimentaire

Compilant 18 objectifs, elle présente certaines avancées sur la stratégie abordée. Par exemple, selon l’Iddri (Institut de développement durable et des relations internationales), dans un article de leur site, le fait de prendre en compte l’ensemble des maillons de la chaine, de l’amont à l’aval est un premier changement : « La stratégie marque un pas décisif dans l’affirmation d’une politique de l’alimentation plurisectorielle, qui porte sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, et vise à promouvoir des changements dans les pratiques alimentaires ». C’est aussi le point de vue du CNLE (Conseil national de politiques des luttes contre la pauvreté et l’exclusion sociale) qui, dans son avis datant du 4 juin 2025, apprécie « qu’elle promeuve une approche plus holistique de la question alimentaire en France, un rôle mieux proportionné de la responsabilité individuelle dans le changement des pratiques et donne une réelle place à une approche par les environnements alimentaires. »

Les 18 points de la SNANC abordent de multiples sujets. Concernant la restauration collective, Maxime CORDIER, président de Agores (association nationale des directeurs de restauration collective), « c’est une tentative plutôt réussie, avec une stratégie qui vient confirmer les actions déjà mise en place au sein de la restauration collective. Elle rappelle les 50 % d’alimentation durable, les 20 % de produits issus de l’agriculture biologique… ». Elle vient donc soutenir les actions mises en place par les acteurs du secteur… mais n’innove pas forcément. C’est la critique majeure faite par les 87 associations qui ont signé une lettre ouverte le 18 juin 2025 pour rappeler les manquements de la SNANC.

Marketing, consommation de viande et précarité

Les associations demandent par exemple d’interdire la publicité et le marketing pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés. Une demande partagée par l’IDDRI dans son article : « La mesure d’encadrement du marketing et de la publicité destinés aux enfants a été rétrogradée au rang de mesure volontaire entre novembre 2024 et avril 2025. Un affaiblissement d’autant plus incompréhensible que cette mesure est recommandée par l’ensemble des rapports d’expertise ». Un second point est apparu dans le débat public : la consommation de viande. « Il y a une certaine frilosité à annoncer des objectifs chiffrés et une trajectoire claire sur la baisse de la consommation de la viande », détaille Benoit GARNIER, responsable alimentation de Réseau action climat. Pour le CNLE, « une vraie stratégie nationale doit dépasser le cadre de l’urgence pour lutter contre la précarité alimentaire. Au-delà des réponses apportées par la SNANC dans le domaine de la restauration collective ou de l’aide alimentaire, l’accessibilité effective à une alimentation saine et durable pour tous constitue un enjeu central insuffisamment pris en compte. »

Continuer les actions

Les acteurs attendent donc le retour de la consultation publique pour voir les évolutions potentielles des 18 objectifs. En attendant, les acteurs du secteur rappellent l’importance du financement pérenne des plans alimentaires territoriaux (PAT) pour continuer leurs actions. Maxime CORDIER, le président d’Agores rappelle, quant à lui, les prochains dossiers de la restauration collective : « les difficultés juridico-techniques pour un approvisionnement durable, l’importance de l’éducation au goûts des jeunes mangeurs, et valoriser les métiers de la restauration collective ». 

Et la suite ?

La version finale de la SNANC était attendue pour le vendredi 5 septembre. Selon le média Le Monde, les derniers arbitrages avaient eu lieu lors d’une réunion interministérielle le mercredi 3 septembre, tranchant notamment pour « une réduction » de la consommation de la viande. Depuis, le cabinet du premier ministre aurait modifié le texte avant la censure du gouvernement Bayrou. Des versions « fuitées » ont depuis fait réagir (voir ci-dessous), mais aucune publication officielle en vue pour le moment… de quoi rester sur notre faim !

Dernière modification le 16 septembre 2025 par Citoyens et Territoires


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